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Maisons de Plaisir

ainsi ironiquement par ceux qu’ils contemplent et qui passent, étalés dans leurs autos ou leurs voitures.

C’est une mer mouvante de voitures, d’autos, d’équipages luxueux, parmi lesquels le modeste piéton a bien de la peine à se frayer un passage.

C’est un défilé superbe et grandiose de tous les luxes et de toutes les richesses et aussi du vice élégant.

La reine incontestée, éblouissante, c’est encore la courtisane à la mode, la grande horizontale qui, splendidement parée, étalée dans sa victoria, vient se faire admirer.

Elle passe, orgueilleuse et triomphante, indifférente et froide.

Elle est arrivée au faîte des grandeurs, elle est sûre d’elle et elle semble même ne pas entendre les « Oh ! » et les « Ah ! » admiratifs qui saluent son passage.

Et comme elle est enviée !

Avec quels regards la suit la petite débutante, la petite femme qui a résolu de jeter son bonnet par-dessus les toits et qui a lâché l’atelier, la maison paternelle, pour se lancer dans la noce.

Elle trotte à pied, nerveuse et un peu inquiète, cherchant, dans la foule, le monsieur capable de s’intéresser à elle et assez riche jour la mettre chez elle.

Elle est jeune et jolie et cela lui donne du courage, de l’espoir. Elle a confiance en son sort et,