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Maisons de Plaisir

d’Eve, les Grands Magasins parisiens, si luxueux, si riches.

On s’y presse, on s’y bouscule dans ces halls aux chiffons, comme si toutes les splendeurs étalées là étaient données pour rien.

À côté de la mondaine ou de la demi-mondaine qui achètent au gré de leur plaisir, sans compter, la petite bourgeoise, la femme d’employé, en faisant ses modestes achats, passe et repasse à chaque rayon, s’attarde à tous les comptoirs et soupire en contemplant toutes les belles choses que son regard caresse.

Elle s’en rend, un instant, propriétaire, en y promenant sa main, en plongeant ses doigts dans les soies froufroutantes, les satins caressants, les dentelles ondoyantes.

Et elle est malheureuse, très malheureuse, la pauvre petite femme au milieu de tant de choses qui la tentent, qui l’éblouissent et qu’elle ne peut acquérir.

Combien de vertus ont sombré, se sont amollies dans la tiédeur captivante des Grands Magasins.

Et quelle aubaine pour le monsieur galetteux, en quête d’une bonne fortune, que cette bande de petites femmes en émoi, palpitantes devant le chiffon rêvé.

Le monsieur tourne et retourne auprès de la belle petite, il suit son regard, il voit ce que son