Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/118

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seigneurs étaient de nobles mendiants, vivant il est vrai du travail de leurs vassaux, mais partageant par intérêt avec ceux qui ne pouvaient pas travailler, une faible partie des aumônes qu’ils demandaient l’épée à la main. Et qui donc nous aurait d’ailleurs appris la misère du peuple ? Les écrivains d’alors ? ils étaient aux gages des nobles. Le peuple lui-même, de quoi se serait-il plaint ? N’était-il pas la chose du maître, taillable et corvéable à merci et miséricorde ? Sa vie et sa fortune n’étaient-elles pas à la discrétion absolue du suzerain ? La jacquerie et les émeutes populaires à Paris et dans les grandes villes sont les premiers indices de la misère publique que nous trouvions dans l’histoire mais elles suffisent pour nous faire apprécier la pénible situation des classes inférieures.

Ce n’est qu’à partir de Charles-Quint que les gouvernements commencent à faire des réglements spéciaux pour ou contre les pauvres. Ce monarque est un de ceux qui ont le plus contribué à répandre sur le monde moderne la hideuse plaie du paupérisme, en détruisant la liberté de l’industrie et du commerce, par l’établissement des monopoles et des manufactures royales, en faisant refluer vers les couvents une foule d’existences condamnées à la vie contemplative ou à la mendicité, et en accoutumant une partie de ses sujets à vivre aux dépens de l’autre par le système colonial. Au lieu de laisser l’industrie se développer à son aise, et de permettre que chacun eût sa part dans une richesse produite le système des mono-