Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tude. Toutefois, si les arguments présentés par un homme aussi honorable et aussi distingué que M. de Brouckère me paraissent meilleurs que ceux dont je me suis servi pour l’attaquer, j’en conviendrai avec franchise.

Je reviens à mon sujet.

La monnaie est comme toutes les autres marchandises, avons-nous dit, chère, quand elle est rare ; à bon marché, quand elle est abondante ; elle n’en diffère qu’en ce qu’elle ne s’use pas. Quand 20 francs sont dépensés, le dissipateur ne les a plus, il est vrai ; mais la pièce n’en existe pas moins ; elle n’a fait que changer de mains : cette pièce n’a point été consommée ; comme une poignée de poudre, par exemple, qui s’en va en fumée sans laisser aucune trace. C’est ce caractère singulier qui a frappé les gouvernements et qui les a portés à en prohiber l’exportation par tous les moyens possibles. De là, ces lois prohibitives, ces traites de commerce, dont j’ai souvent déploré avec vous la triste influence. Comme cela arrive presque toujours pour les questions d’une solution compliquée, des systèmes différents et presque tous absolus ont voulu prouver, les uns l’indispensabilité d’un numéraire abondant, les autres son inutilité complète, et des hommes du plus grand mérite se sont trouvés aux points extrêmes. Les uns, comme M. de Sismondi, se sont écriés : Hors des métaux précieux point de salut ; les autres ont dit, avec l’économiste anglais Ricardo : Sans crédit et sans monnaie de papiers, pas de commerce, pas d’industrie, et partant, pas de richesse