Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/206

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problème qu’ils ont voulu résoudre est grave, et il se présente aujourd’hui comme une complication de plus pour l’organisation de notre société. Jusqu’à présent, l’expérience a montré que la prospérité, pour être moins progressive, était plus durable et plus stable dans les pays où l’on avait adopté deux espèces de monnaies dans de justes proportions, variables selon les circonstances. C’est ce que nous avons fait jusqu’à un certain point en France ; aussi, vous avez vu que dans la dernière crise, nous avons bien moins souffert que l’Amérique et l’Angleterre, qui avaient suivi une marche moins prudente que la nôtre. Il n’en eût point été ainsi et nous eussions été éprouvés aussi fortement que ces deux pays, si, conformément aux théories de Ricardo, nous avions jeté par les fenêtres nos métaux précieux, pour les remplacer par de la monnaie de papier.

Le numéraire doit à sa qualité de marchandise que nous lui avons reconnue, de se déprécier par l’abondance et de s’élever par la rareté. Aussi, remarque-t-on que dans tous les pays qui ont multiplié leurs capitaux par le crédit et les banques, le prix des choses a haussé, c’est-à-dire qu’il a fallu une plus grande quantité de numéraire que par le passé, pour obtenir les mêmes denrées, les mêmes marchandises ; il en est resulté que ceux, par exemple, qui étaient à leur aise, il y a trente ans, avec un revenu de 3,000 francs, le sont moins aujourd’hui. Il y a eu hausse dans les salaires des domestiques et dans la plupart des services rendus dans les objets de consommation, et plu-