Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/288

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ne faille pas être un grand économiste pour comprendre tout ce qu’une pareille organisation fait perdre au pays.

À mesure que la population augmente, la propriété se constitue, et l’agriculture rentre de plus en plus dans les conditions d’une exploitation régulière. La propriété a bien toujours pour principe l’occupation ; mais celle-ci devient constante de passagère qu’elle était, et chaque occupant fait tous ses efforts pour repousser les envahissements des voisins dont à son tour il respecte les droits. C’est d’ailleurs ce que nous avons vu se passer, presque sous nos yeux en Amérique. D’abord on a appâté les colons de toutes les parties du globe, et on leur a donné non-seulement la terre qu’ils ont voulue, mais encore une prime sous forme d’instruments, de bestiaux et de bâtiments. Puis on a cessé la prime et l’on s’est borné à donner le terrain ; c’était le moment, où l’on était, si vous voulez, au pair. Plus tard on a distribué les terres dans de certaines limites, et sous certaines conditions ; plus tard encore on les a vendues, et en ce moment, elles sont l’objet d’un agiotage[1]. Ainsi, dans un

  1. Les terres de l’ouest se vendent à raison de 16 fr. 48 par hectare. Il n’y a pas de concessions gratuites, mais un certain nombre d’individus désignés sous le nom de squaters s’emparant des terrains non encore achetés, les défrichent et les exploitent sans rien payer ; et quand plus tard les terres qu’ils ont prises pour former leurs fermes, sont mises en vente, ils ont le droit de préemption sur tous les autres acheteurs.

    Le prix des terrains est énormément plus élevé aux alentours ou dans l’intérieur des villes ; à Philadelphie dans Market street, et à New-York dans Wallstreet, il se vend jusqu’à 3 et 4, 000 fr. la toise carrée ; ou 789, 000 à 1, 052, 000 fr. l’hectare.