Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/57

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que l’impôt était une excellente chose et que l’on ne pouvait donner de meilleur stimulant au travail. Un écrivain anglais a même comparé l’impôt à un enfant nouveau-né dont l’existence obligeait le père de famille à redoubler d’industrie pour subvenir aux frais de son éducation. À ce compte nous serions tous pères d’une très nombreuse famille en poussant cet argument jusqu’à ses conséquences extrêmes on trouverait que le meilleur moyen de nous enrichir serait de prendre tout ce que nous avons. Pour appuyer son système, l’auteur donne en exemple son pays, l’Angleterre, où les impôts sont plus élevés que partout ailleurs et dont l’agriculture et l’industrie sont supérieures à celles de tant d’autres pays.

Tout en admettant les faits que nous cite l’économiste anglais, j’arriverai à une opinion entièrement opposée à la sienne ; je dirai que si la Grande-Bretagne a pu faire d’aussi grands progrès dans l’industrie et l’agriculture, c’est malgré les impôts et non pas à cause d’eux ; j’ajouterai même que s’ils ont pu et s’ils peuvent encore payer de si lourds impôts, c’est parce que le travail était développé chez eux sur de larges bases et qu’il procurait de grands bénéfices s’il n’en eût pas été ainsi et si, par exemple, l’impôt ne se bornant pas à prélever une part du revenu eut touché au capital, celui-ci en diminuant eût amené la chute d’un grand nombre d’entreprises, les salaires eussent été réduits, et une certaine quantité de travailleurs eût été mise en disponibilité. C’est-à-dire que tous les revenus, toutes les consommations auraient dimi-