Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/59

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L’or n’est rien sans la pensée, c’est elle qui est tout. Malheur aux peuples qui la laissent s’engourdir, qui négligent de la cultiver. Voyez ce qui se passe dans les deux Amériques du Nord et du Sud ; quelle distance sépare les hommes de ces deux pays, également partagés sous le rapport du sol et du climat ! Voyez les Américains du Nord qui n’étaient que 1,400,000 à l’époque de la paix qui fut conclue après la guerre de l’indépendance, et qui sont aujourd’hui au nombre de plus de 14 millions ; voyez ensuite le Mexique, la Colombie, dont la population décroît au lieu de s’augmenter. D’un côté on travaille, de l’autre on se repose. Ici l’on a fait 3000 lieues de chemins de fer et de canaux en quelques années autant que tous les états de l’Europe réunis, en y comprenant l’Angleterre, la Belgique et la France ; là on met 15 jours pour faire un trajet qu’il serait possible de parcourir en quelques heures ; et lorsque des étrangers établissent un service de Messageries pour abréger les distances et établir des rapports plus faciles entre des villes importantes, on met obstacle à leur entreprise, on les ruine pour les punir d’avoir eu l’intention de faire du bien au pays.

Sans aller si loin et sans sortir de notre pays, rappelez-vous les cartes ingénieuses dressées par mon collègue M. Ch. Dupin pour indiquer le degré d’instruction de chacun de nos départements. Comparez les teintes noires de la Provence à celles si claires de l’Alsace, celles du Béarn à celles de la Normandie ; s’il y a a une si grande différence entre ces provinces d’un même pays