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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/10

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critique sociale

C’était le renversement de toute justice, de toute raison ! La Bourse ne chante point cette antienne-là à propos de la caisse d’épargne, ingérence bien autrement scandaleuse dans les transactions sociales. Une rente à des particuliers, prise sur l’impôt, sans nécessité publique !

Sans nécessité, oui ! mais non sans motif, et ce motif est toujours le même, l’intérêt du pouvoir, sa sécurité. La caisse d’épargne a pour but de coudre, par un fil d’argent, au manteau de pourpre de César, les puissantes guenilles du prolétariat. Solidarité précieuse, qu’on peut bien payer trente millions, surtout en les prenant dans la poche du prolétaire lui-même. Mais le fisc n’a pas seulement cette peine. Il ne débourse pas, il embourse au contraire. Chaque année, l’excès des dépôts sur les retraits suffit à servir la rente de- la dette et il reste un boni au Trésor.

Cette petite spéculation est bien connue de la police correctionnelle et de la cour d’assises. Elle consiste, on le voit, à payer, sur le capital versé, des dividendes aux actionnaires, afin d’amorcer les dupes. Les particuliers qui se la permettent y ramassent quelques années de centrale. Le gouvernement, lui, s’en fait un revenu régulier. Vient enfin la débâcle, comme en 1848. Mais bah ! — c’est la fin du monde cela, les gouvernements sont éternels.

Ils n’admettent pas la fin du monde ; et puis, si