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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/22

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critique sociale

geables. Ces conditions posées, ils sont rois, comme arbitres de l’échange qui domine la vie sociale.

La puissance écrasante de l’or et de l’argent, comme numéraire, à si bien rejeté dans l’ombre leurs autres mérites qu’on à fini par les méconnaître et les nier d’une manière absolue. La mauvaise humeur aidant, on va jusqu’à leur refuser toute utilité en dehors de la fonction d’échange. On a tort. Si, par impossible, l’or et l’argent devenaient aussi communs que les pierres, ils entraîneraient d’un coup deux révolutions : la chute du numéraire d’abord, puis l’invasion de matières si incomparablement utiles que l’économie publique en serait bouleversée.

Il faut être aveugle, d’ailleurs, pour ne pas voir leur importance actuelle dans l’industrie. L’or fait tous les frais de la bijouterie qui est la passion d’une moitié et demie du genre humain. L’argent ouvré est la seule manifestation raisonnable du luxe qui ne pèche guère par la recherche de l’utile.

Il est donc permis de supposer que, sans leur valeur propre, les deux métaux, en dépit de leur royale conformation, ne seraient pas montés sur le trône de l’échange et n’auraient pas fondé la dynastie de sa majesté l’Empereur-Écu.

Mars 1870.