Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/52

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l’inconnu, on aurait pu lui concéder l’infini à discrétion. Encore, pensions-nous déjà, il y a trente ans, que par le fait de l’infinité des corps célestes, notre planète devait exister à milliers d’exemplaires. Seulement, cette opinion n’était qu’une affaire d’instinct et ne s’appuyait absolument que sur la donnée de l’infini. L’analyse spectrale a complètement changé la situation et ouvert les portes à la réalité qui s’y précipite.

L’illusion sur les structures fantastiques est tombée. Point d’autres matériaux nulle part que la centaine de corps simples, dont nous avons les deux tiers sous les yeux. C’est avec ce maigre assortiment qu’il faut faire et refaire sans trêve l’univers. M. Haussmann en avait autant pour rebâtir Paris. Il avait les mêmes. Ce n’est pas la variété qui brille dans ses bâtisses. La nature, qui démolit aussi pour reconstruire, réussit un peu mieux ses architectures. Elle sait tirer de son indigence un si riche parti, qu’on hésite avant d’assigner un terme à l’originalité de ses œuvres.

Serrons le problème. Supposant tous les systèmes stellaires d’égale durée, mille billions d’années, par exemple, imaginons aussi par hypothèse qu’ils commencent et finissent ensemble, à la même minute. On sait que tous ces groupes, en quelque sorte de même sang, de même chair, de même ossature, se développent aussi par la même méthode. Dans les divers systèmes, les planètes se rangent symétriquement, selon l’intimité de leur ressemblance, et ces similitudes les poussent de concert à l’identité. Cent corps simples, matériaux uniques et communs d’un ensemble foncièrement solidaire, seront-ils capables de fournir une combinaison différente et spéciale pour chaque globe, c’est-à-dire un nombre infini d’originaux distincts ? Non, certes, car les diversités de toute espèce qui font varier les combi-