Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/70

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pas seulement une fois que ces muettes interrogations traversent l’espace, mais toujours. Chaque seconde de l’éternité a vu et verra la situation d’aujourd’hui, c’est-à-dire des milliards de terres sosies de la nôtre et portant nos sosies personnels.

Ainsi chacun de nous a vécu, vit et vivra sans fin, sous la forme de milliards d’alter ego. Tel on est à chaque seconde de sa vie, tel on est stéréotypé à milliards d’épreuves dans l’éternité. Nous partageons la destinée des planètes, nos mères nourricières, au sein desquelles s’accomplit cette inépuisable existence. Les systèmes stellaires nous entraînent dans leur pérennité. Unique organisation de la matière, ils ont en même temps sa fixité et sa mobilité. Chacun d’eux n’est qu’un éclair, mais ces éclairs illuminent éternellement l’espace.

L’univers est infini dans son ensemble et dans chacune de ses fractions, étoile ou grain de poussière. Tel il est à la minute qui sonne, tel il fut, tel il sera toujours, sans un atome ni une seconde de variation. Il n’y a rien de nouveau sous les soleils. Tout ce qui se fait, s’est fait et se fera. Et cependant, quoique le même, l’univers de tout à l’heure n’est plus celui d’à présent, et celui d’à présent ne sera pas davantage celui de tantôt ; car il ne demeure point immuable et immobile. Bien au contraire, il se modifie sans cesse. Toutes ses parties sont dans un mouvement indiscontinu. Détruites ici, elles se reproduisent simultanément ailleurs, comme individualités nouvelles.

Les systèmes stellaires finissent, puis recommencent avec des éléments semblables associés par d’autres alliances, reproduction infatigable d’exemplaires pareils puisés dans des débris différents. C’est une alternance, un échange perpétuels de renaissances par transformation.