Argensola considérait cette fugue avec sérénité. Lui, il était de ceux qui restaient. Il avait admiré certaines personnes parce qu’elles avaient été présentes au siège de Paris, en 1870, et il était heureux de la bonne fortune qui lui procurait la chance d’assister à un nouveau drame plus curieux encore. La seule chose qui le contrariait, c’était l’air distrait de ceux auxquels il faisait part de ses observations et de ses informations. Il rentrait à l’atelier avec une abondante récolte de nouvelles qu’il communiquait à Jules avec un empressement fébrile, et celui-ci l’écoutait à peine. Le bohème s’étonnait de cette indifférence et reprochait mentalement au « peintre d’âmes » de n’avoir pas le sens des grands drames historiques.
Jules avait alors des soucis personnels qui l’empêchaient de se passionner pour l’histoire des nations. Il avait reçu de Marguerite quelques lignes tracées à la hâte, et ces lignes lui avaient apporté la plus désagréable des surprises. Elle était obligée de partir. Elle quittait Paris à l’instant même, en compagnie de sa mère. Elle lui disait adieu. C’était tout. Un tel laconisme avait beaucoup inquiété Jules. Pourquoi ne l’informait-elle pas du lieu où elle se retirait ? Il est vrai que la panique fait oublier bien des choses ; mais il n’en était pas moins étrange qu’elle eût négligé de lui donner son adresse.
Pour tirer la situation au clair, Jules n’hésita pas à accomplir une démarche qu’elle lui avait toujours