La guerre est l’affaire des soldats. Nous autres, nous ne faisons de mal à personne et nous n’avons rien à craindre. »
Un peu plus loin, au bas d’une côte, il fit la plus inattendue des rencontres. Il aperçut une automobile de louage, une automobile parisienne avec son taximètre fixé au siège du cocher. Le chauffeur se promenait tranquillement près du véhicule, comme s’il eût été à sa station. Cet homme avait amené là des journalistes qui voulaient voir le champ de bataille, et il les attendait pour le retour. Marcel engagea la conversation avec lui.
— Deux cents francs pour vous, dit-il, si vous me ramenez à Paris.
L’autre protesta, du ton d’un homme consciencieux qui veut être fidèle à ses promesses. Ce qui donnait tant de force à sa fidélité, c’était peut-être que l’offre de dix louis était faite par un quidam qui, avec ses vêtements en loques et la tache livide d’un coup reçu au visage, avait l’aspect d’un vagabond.
— Eh bien, cinq cents francs ! reprit Marcel en tirant de son gousset une poignée d’or.
Pour toute réponse le chauffeur donna un tour à la manivelle et ouvrit la portière. Les journalistes pouvaient attendre jusqu’au lendemain matin : ils n’en auraient que mieux observé le champ de bataille.
Lorsque Marcel rentra à Paris, les rues presque vides lui parurent pleines de monde. Jamais il n’avait