Page:Blasco-Ibáñez - Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse.djvu/323

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avaient récupéré de terrain, et ainsi a commencé l’interminable guerre de tranchées. Ensuite chacune des deux lignes, dans le but d’envelopper la ligne ennemie, est allée se prolongeant vers le nord-ouest, et de ces prolongements successifs a résulté « la course à la mer » dont la conséquence a été la formation du front de combat le plus grand que l’histoire connaisse.

Optimiste malgré tout, Marcel, contrairement à l’opinion générale, espérait que la guerre ne serait plus très longue et que, dès le printemps prochain ou au plus tard vers le milieu de l’été, la paix serait conclue. Mais Tchernoff hochait la tête.

— Non, répondait-il. Ce sera long, très long. Cette guerre est une guerre nouvelle, la véritable guerre moderne. Les Allemands ont commencé les hostilités selon les anciennes méthodes : mouvements enveloppants, batailles en rase campagne, plans stratégiques combinés par de Moltke à l’imitation de Napoléon. Ils désiraient finir vite et se croyaient sûrs du triomphe. Dès lors, à quoi bon faire usage de procédés nouveaux ? Mais ce qui s’est produit sur la Marne a bouleversé leurs projets : de l’offensive ils ont été obligés de passer à la défensive, et leur état-major a mis en œuvre tout ce que lui avaient appris les récentes campagnes des Japonais et des Russes. La puissance de l’armement moderne et la rapidité du tir font de la lutte souterraine une nécessité inéluc-