Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ponr entrer dans nn assez grand nombre de carrières et même pour avoir le droit de suivre certains cours d’enseignement supérieur. M est matheureusement incontestable que, si le baccaia’tréat était supprimé, le niveau de renseignement et le nombre des élèves baisseraient rapidement mais il est encore bien plus incontestabie que cet examen, tel qu’ilest constitué’, laisse beaucoup à désirer. On peut s’y préparer par des procédés artificiels, qui dispensent de toute science acquise et même de toute intelligence et comme ces procédés artificiels sont enseignés par des maisons spéciales, où tes jeunes gens trouvent des trésors d’indulgences plénieres pour leurs péchés favoris, tes étabtissements sérieux sont désertés à partir de ia seconde et de la rhétorique ; des lycées qui comptaient soixante philosophes ou plus, ont peine aujourd’hui à eu recruter une quinMiue. Jadis cette désertion en masse des hautes classes était impossible, malgré les vices du baecatauréat, parce qu’un certificat d’études était exigé des candidats. Le parti ctérical, qui sentait toute l’importance de ce certificat, eut l’adresse de le faire abolir.

L’enseignement supérieur en France est exclusivement aux mains de l’État. Par la contradiction la plus curieuse, un citoyen peut libremcut enseigner des mineurs mais pour

S’adresser à des hommes dont la raison est formée, il faut une autorisation ministérielie. Ces aulorisations jusqu’ici ont été rarement accordées. C’est peut-être pour cette raison que notre enseignement supérieur est trèsloin de valoir celui de riiie.tagne et que même à quelques égards, comme on le verra plus tard, ou peut dire qu’il n’existe que d’une façon cominaie.

Tel qu’il est, il est distribué par les facultés et par le Collége de France, qui est censé représenter d’uue manière spéciale l’esprit de hardie initiative et de fiberté entière. Les facuités, n’ayant point dc/Mt’oaf-~oMK~ constituent, sauf à Paris, un personnel peu nombreux. C’est là, je crois, un grave inconvénient, car leur zèle n’est pas stimulé par la concurrence. sans compter que les connaissances les plus élevées ou les plus nécessaires ne sont pas enseignées. C’est ainsi que, dans nos (acuités de province, il n’y qu’un professeur de philosophie ; l’histoire des sciences n’a nulle part des chaires dont la nécessité se fait de plus en plus sentir ; on peut dire que l’économie politique est à peu prés oubliée dans notre enseignement supérieur, tandis qo’elte devrait avoir une piace dans l’enseignement secondaire et même dans l’enseignement primaire. Mais ce n’est pas tout ; le pire mal, c’est que les facultés les plus Importantes, celles des lettres et des sciences (qui comprennent la philosophie et l’histoire) n’ont point ou presque point d’auditeurs réguliers. Cn pubtic vagabond et chercheur d’effets pittoresques, qui 1. Depnis que t’antenr a écrit ces lignes, de notaNe6 améUcrationa ont été introduites damIeeeMmena, qni sont devenus d’alllenrs plw sévères. M. R. va tantôt à un cours, tantôt à un autre, sans suivre d’autre inspiration que celle de son ça.price, voilà ce qui remplit plus ou moins les salles de nos Sorbonnes de province ou de Paris. L’enseignement supérieur n’existe point en réalité parmi nous, car il s’y trouve bien des enseignants, mais pas d’enseignés. Cela tient à ce que les grades qui y correspondent, ne sont guère demandés que pour la carrière universitaire et même ne sont organisés que pour elle. Il n’en est point de même en Allemagne l’instruction reçue dans les universités, l’instruction supérieure y est généralement requise pour un grand nombre de professions on d’emplois ; aussi, il ne vient guère en tête d’une famille pourvue de quelque aisance d’en sevrer ses enfants. Chez nous, au contraire, les facultés sont un luxe, une exhibition oratoire, une sorte de théâtre fréquenté par les curieux, lorsque le spectacle est amusant ; elles ne sont point réellement des écoles, c’est-à-dire un lieu où l’on vient pour apprendre. A mon avis, on devrait transformer la licence ès lettres, qui correspond à 1 enseignement supérieur, comme le baccalauréat qui correspond à l’enseignement secondaire. D’une part, il faudrait que cet examen, au lieu de ne porter que sur des questions grammaticales, grecques et latines, et par conséquent de n’être bon qu’à préparer de futurs professeurs de t’Oniversité, pût se spécialiser suivant les aptitudes des candidats ; par exemple, je voudrais une licence en philosophie, une licence en économie politique, en littérature étrangère, en langues et littératures anciennes, en histoire, en langues orientales, etc. En même temps je demanderais une de ces licences à quiconque voudrait entrer dans les carrières publiques. De cette façon l’on créerait un public régulier à nos facultés des liens s’établiraient entre les professeurs qui cesseraient d’être de purs orateurs, je ne veux pas dire des acteurs, et les auditeurs qui deviendraient des élèves sérieux. Nous aurions ainsi quelque chose d’analogue à ces grandes universités d’ANemagne, qui ont rendu tant de services incomparables à la philosophie, à l’érudition, à l’histoire.

A coté de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement

supérieur, se place aujourd’hui dans les préoccnpatious publiques l’enseignement professionnel. Les arts et métiers cessent de plus en plus d’être une simple routine mécanique, tout le monde comprend qu’un bon ouvrier, un bon industriel, un bon commerçant ont besoin de certaines notions spéciales et que la diffusion la plus large possible de ces notions importe au progrès économique et au progrès politique des peuples. Aussi, depuis bien (tes années déjà, il s’est établi spontanément parmi nous des écoles, comme la Martinière de Lyon, où l’on forme des contre-maitres, d’autres où l’on élève des commercants, comme l’école Turgot, d’autres où l’on initie les jeunes gens aux connaissances indispensables dans tout établissement manufacturier Des écoles agricoles