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MACHIAVÉLISME. MACHINES. 241

ment d’haHBete, à la vindicte qui doit l’atteindre, il <est prêt sans cesse à recommencer ses trames it ténébreuses. Seulement quand les moeurs somt aussi douces que le sont les mœurs emropéennes de nos jours, il faut qu’il se tempère ; et afin de pouvoir durer même pour peu ; de temps, il est obligé de se faire moins cruel et moins patent que dans des siècles plus barbares et plus grossier Le meilleur moyen de supprimer le machiavélisme, quand il est contraint de s’amoindrir sous cette forme atténuée, ce serait la publicité ; ce serait la libre discussion dévoilant le caractère véritable des actes équivoques, à l’aide desquels il compte se dérober an tribunal de l’opinion. Mais le premier soin de la politique machiavéBqne, c’est d’étouBër, non pas seulement les voix qui peuvent se plaindre, mais plus encore les voix qui peuvent juger. Qui se cache, est déjà coupable, si ce n’est de fait, au moins d’intention et l’honnêteté, surtout quand elle est armée du pouvoir de bien faire, peut braver toutes les critiques ; car il est peu probable qu’elle soit méconnue ; et lorsqu’elle l’est, il lui est toujours facile de faire revenir des esprits égarés. Le silence est donc la condition inévitable de tout pouvoir machiavélique et une des garanties assez peu sûres qu’il cherche toujours à se donner. Si l’opinion avait pu discuter en t808 ce qui allait se passer au château de Marac entre Napoléon et les Bourbons d’Espagne, il est permis de supposer que le grand Empereur n’eût pas déshonoré son caractère par cette vile déloyauté, et qu’il se fût épargné bien des malheurs ainsi qu’à nous. La conscience publique aurait éclairé et réglé celle du conquérant en l’empêchant de s’abaisser au rôle de spoliateur. Il n’est pas présumable d’ailleurs que Napoléon lui-même n’ait pas senti sa faute et l’indignité de sa conduite. Mais il s’agissait de la couronne d’Espagne et l’irrésistible Omnia pro dominatione lui Ct croire qu’en dépouillant ce pauvre vieux s souverain, il complétait l’Empire français et sou système politique. Grande leçon, mais leçon peu profitable tant que les hommes auront plus de convoitises que de vertu, et plus de passion qne de sagesse 1

CoMPAKEz : Bonne foi, Deapottmie, Mensonge, MoTale politique, Questions politiques. Raison d’Etat, JSatntpnbUo, Tyrannie.

MACHINES. Nos arrière-neveux auront un jour de la peine à comprendre que les machines, ces utiles auxiliaires de l’homme, aient pu susciter des haines, causer des émeutes sanglantes, provoquer des actes de stupide barbarie. Et pourtant, les faits sont là pour en témoigner, nous n’exagérons rien. D’où venaient ces sentiments hostiles ? aurait-on méconnu les bienfaits que ces puissants engins sont destinés à rendre à l’humanité

? Pas un seul instant. On savaitparfaitement 

que les machines centupleraient les produits, et qu’en diminuant les prix de ces produits elles les mettraient à la disposition d’une classe BARTHELEMY SAINT-HtLAIHE.

M.

de la population qui en était privée auparavant’ Seulement ceux qui les détruisaient s’imaginaient que le progrès a lieu à leurs dépens. La machine nous prend notre pain, brisons-la [ Tel était leur cri.

Les myopes 1 S’ils avaient laissé la machine s’étaNir, ils auraient vu en peu de temps leur salaire augmenter considérablement. Le sacriËce qu’on leur demandait n’allait pas au delà de celui que fait tous les ans le cultivateur en conOant au sol la graine qui doit produire la récolte, ou le capitaliste qui bâtit une fabrique. Le cultivateur et le capitaliste attendent. Il s’agissait pour les ouvriers aussi d’attendre, et ils ne couraient pas en même temps le risque de perdre leur avoir.

Maintenant que les machines existent en grand nombre, -on les a souvent étabiiesper fas et He/a~ et qu’elles ont réellement fait monter les salaires, les économistes peuvent dire Bèrement ’< N’avions-nous pas raison de soutenir que la machine, en faisant baisser le prix de l’objet fabriqué, aura le double effet de mettre à la disposition de l’ouvrier des jouissances nouvelles, et de multiplier la production à un point tel, que les bras occupés dans une industrie quelconque deviendraient insuffisants dès qu’elle aurait appelé la mécanique à son secours ? » Voilà ce que les économistes prédisaient et voilà ce que les faits ont presque universellement confirmé.

Il y a eu peut-être quelques rares exceptions. Encore ne les connaissons-nous pas, mais nous les admettons comme possibles. Était-ce une raison pour maintenir l’ancien état de choses ? Fallait-il que la société continuât de consacrer à un produit un travail exagéré, seulement pour que quelques ouvriers n’aient pas à se donner la peine de chercher une nouvelle occupation ? Ces mêmes ouvriers qui se plaignent, et qui sont en effet momentanément dignes d’intérêt, n’auraient-ils pas abandonné sans hésiter le boulanger de droite pour acheter chez le boulanger de gauche un pain moins cher d’un centime

? Se préoccuperaient-ils de la ruine de 

leur ancien fournisseur ?

Ainsi, la société marche et doit marcher ; si ses progrès causent quelques souffrances momentanées, transitoires, on vient en aide à ceux qui souffrent, on leur facilite le passage d’un état dans l’autre ; mais on ne s’arrête pas, c’est impossible 1

L’homme qui jouit de la plénitude de sa raison le sait de reste. Ce n’est qne dans un moment d’aveuglement ou de passion qu’on tente de s’opposer au progrès. Ces cent ouvriers qui démolissent une fabrique peuvent-ils oublier d’ailleurs que dès demain mille soldats seront là pour aider la justice à exercer la vindicte de la société ? Au moment où ils s’occupaient de J’œuvre de la destruction, ils ne raisonnaient pas, ils étaient ivres de passion, peut-être même.

La question est jugée maintenant. La machine règne et gouverne, c’est un fait acquis, accepté. Elle a créé une foule d’industries nouvelles et transformé les anciennes ; elle a aug16