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Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/247

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MADAGASCAR.


les indigènes, les traités qu’à diverses reprises elle a conclus avec les Sakalaves de la côte occidentale, pour l’ouverture des ports et la liberté du trafic, témoignent bien qu’elle n’a jamais entendu imposer de force son autorité à tous les habitants. Il ne parait pas même que la reconnaissance du chef des Hovas, comme roi de Madagascar, ait impliqué une renonciation expresse des droits historiques de la France à défaut de version officielle, les récits les plus autorisés assurent que le représentant de l’empereur a accompagné sa reconnaissance de cette déclaration a que l’empereur Napoléon in, en reconnaissant Radama comme souverain de file, espérait bien n’avoir jamais à faire revivre les droits de la France. Quoiqu’ilen soit.l’élévation au pouvoir de ce prince, au mois d’août 1861, fut suivie ainsi que nous l’avons dit, de deux traités d’amitié et de commerce, conclus l’un avec la France, l’autre avec l’Angleterre, dont les délégués assistèrent à son couronnement. Le traité avec la France porte la date du 12 septembre 1862, conclu à Tananarive, entre M. le capitaine de vaisseau Dupré, au nom de l’empereur, et trois personnages de la cour hova au nom du roi (le commandant en chef, le ministre des auaires étrangères, le ministre de la justice). Il comprend 24 articles, plus un article additionnel, portant suppression des droits de douane, tant à t’entrée (*h’à la sortie il a été promulgué par décret impérial du 11 avril 1863. (B :t~t’K des lois, 1102, n" l’,089.)–Le traité avec l’Angleterre porte la date de Tananarive, le 5 décembre 1862, et pour négociateur du côté de l’Angleterre M. Thomas ConollyPakenham, consul de S..M. Britannique ; les représentants de Radama sont le commandant en chef (~c !’Ktlaiarivony), le ministre de lajustice (/ !<Mt~etaka) et les trois secrétaires d’État au ministère des aNaires étrangères (/ !atnfH’ !MaAc, RaetMM/teM&Ms et C/e’.m~ .e&<M’de fils). Les

principales clauses de ces traités, pareils à peu de dilMrence près, sont les suivantes Paix constante et amitié perpétuelle. Liberté réciproque d’entrer, résider, circuler, commercer ; garantie des privilèges, immunités, avantages accordés à la nation la plus favorisée. Liberté d’enseignement des religions chrétiennes, avec toutes les franchises qui en dérivent liberté de culte reconnue aux Malgaches. Droits réciproques de tonnage et d’importation, franchises de navigation d’après le traitement de la nation la plus favorisée. Renonciation à toute prohibition d’importation et d’exportation. La Juridiction sur les étrangers réservée aux consuls étrangers. Successions, biens des naufragés attribués aux ayants droit étrangers.

En même temps que le roi Radama signa le traité avec la France, il ratina et signa une vaste concession de terres et d’industries qu’il avait accordée, quelques années auparavant, n’étant encore que princehéréditaire, à M. Lambert, son représentant en France. Pour l’exploitation de ces richesses une société anonyme fut constituée à Paris sous le titre de Compa-

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commerciale, et autorisée par décret impérial du 2 mai 1863. M. le baron de Richemont, sénateur, en fut nommé gouverneur. Elle organisa aussitôt pour se rendre sur les lieux une mission d’exploration qui partit vers la fin de mai 1863, avec M. Lambert et M. Dupré, porteor de la ratification du traité par J’empereur. En arrivant dans l’océan Indien, JepJénipotentiajfe de la France apprit la terrible révolution de palais accomplie, durant son absence, à Tananarive. Le 12 mai le roi Radama, avec une trentaine de ses favoris, avait été étranglé par le parti des anciens ofîiciers et de l’aristocratie hova, voulant ressaisir le pouvoir et le prestige dont ils jouissaient sous la reine Ranavalo. Son épouse, Rabodo, avait été proeiamée reine de Madagascar, sous le nom de Rasohérina, et avait juré une espèce de constitution. M. Dupré, rendu dans les eaux de Tamatave, dans le courant de juillet, fit savoir à la cour d’Émyrne qu’il était porteur du traité ratifié, dont il demandait J’exécution, ainsi que de la charte Lambert, dont une Compagnie était devenue cessionnaire. R~fus du gouvernement hova, à moins d’importantes modifications. Après de vains pourparlers, le commandant Dupré dut quitter la rade de Tamatave, convaincu de J’échec définitif de sa politique pacifique et diplomatique, contre I’oJ)stination persistante des Hovas. Le consul de France amena son pavillon. Les relations politiques furent rompues et les relations commerciales de nouveau entravées par le rétablissement des droits de douane.

L’influence des Français, déjà fbi’taCaibJie depuis la mort de la reine Ranavalo et que le traité de 1862 n’avait rétablie que sur le papier, fut dès lors réduite à rien. Les Malgaclies alJèrect jusqu’à détruire une fabrique d’armes établie par un Français et que lareine appelait aJ’indestructLbJe .beauté’). Le gouvernement français pensa bien à reprendre quelque crédit à la cour de Tananarive. On lit dans le Livre YaMMede 1867, que la révision du traité de 1862 venait d’être reprise dans des conditions qui permettaient d’espérer que la reine cesserait de défendre les richesses inexplorées de son royaume contre les conquêtes pacifiques du commerce et de l’industrie. La reine paraissait en effet consentir à une reprise des négociations elle avait fait sortir du sanctuaire la statue de KéJimaJaga, déesse des relations internationales, quand tout à coup elle mourut

(1868) et il ne fut pas donné suite au projet. Sa cousine Rauroma lui succédé sous Je nom de Ranavalo n, et le crédit des Européens ne s’est afnrmé que dans une circonstance d’ailleurs honorable pour leur humanité. Ds ont réussi à obtenir la vie des auteurs d’une conspiration tramée sous la direction des anciens ministres de Radama. Mais ces malheureux n’en ont pas moins été enfermés dans une cave où plusieurs sont morts de faim. Leurs femmes et leurs enfants ont été réduits en esclavage leurs biens confisqués. Tel est l’usage du pays. Nons mentionnons le fait pour