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o7o MARIAGE. MARINE.

brisés que par la mort d’an des deux conjoints on que par les mêmes raisons et les mêmes formalités exigées ponr le divorce. n n’en est pas moins vrai que, sauf sur ce point, la femme qui y est engagée ne diffère en rien de la concubine et que les enfants qui en proviennent ne se distinguent pas des enfants illégitimes. Ces unions ne sont donc que des mariages incomplets (limités, comme l’exprime le mot par loquet on tes désigne le plus ordinairement), qu’une sorte de terme moyen entre le mariage et le concubinage elles participent en réalité et de l’un et de l’antre. Et c’est là ce qui les met en opposition avec les principes de législation universellement reçus parmi les peuples civilisés, avec la morale publique qui ne peut s’empècher d’en être blessée, enfin avec l’esprit de notre temps qui ne saurait admettre que la position sociale d’un homme, quelque élevée qu’elle soit, puisse le placer au-dessus ou en dehors de la loi commune.

COMPAREZ tes mots à la fin de l’article Famille. MARIAGES MIXTE, MORGANATIQUE, etc. Foy. Mariage.

MARIANNE. Foy. Société secrète.

MARINE. De tous les instruments que l’homme a créés pour venir en aide à son génie, il n’en est pas de plus intéressant, ni de plus puissant que le navire ; il n’en est aucun qui, depuis l’origine du genre humain jusqu’à aujourdhui, ait aussi constamment et &ussi complètement représenté toujours ce que la civilisation pouvait, à tout moment donné, produire de plus parfait.

Le navire, c’est nn monde qui voyage. Lorsqu’il a rompu les amarres qui l’attachaient à la terre, lorsqu’il a une fois pris son vol, il doit ne plus compter que sur lui-même ; il faut que toutes ses ressources il les tire de son propre fonds ; il faut qu’il renferme dans ses ûancs des représentants de presque toutes les industries nécessaires à l’existence de l’homme, jusqu’aux plus humbles, et pour diriger sa course, il faut aussi que ceux qui le conduisent soient initiés aux sublimes théories de toutes les sciences. La connaissance de l’astronomie, la reine des sciences, est indispensable au plus modeste capitaine de navire. Ce sont les progrés de l’astronomie qui ont ouvert les voies où les navigateurs ont pu s’élancer pour aller reconnaitre tous les points de la terre habitable, pour explorer tontes les régions de la planète, jusqu’à celles des glaces étemelles du pôle où l’homme ne saurait vivre. Le navire, c’est un fragment détaché du sol de la patrie et qui va lui servir de lien avec d’autres sociétés, d’autres peuples, qui va nouer ou développer ces rapports amicaux, ces échanges d’idées ou de produits qui ourdissent la trame matérielle et morale de la civilisation. Gage de pair qui ne laisse aucune nation en dehors de la grande association du genre humain, qui assure aux faibles l’Intérêt et la pro-M )CHEL NICOLAS.

tection des forts, symbole des besoins réciproques qui font dépendre tous les peuples les uns des autres et dont nous subissons heureusement le joug aujourd’hui, gouvernements et sujets, avec une puissance que l’habitude ne nous laisse pas supçonner, mais dont la privation deviendrait bien vite intolérable. Quelle famille ne serait pas profondément trouNée dans sa manière de vivre, si ie contingent de ressources que la mer fournit à son existence matérielle venait tout d’un cn’jp à lui être enlevé

? Prenez la plus petite ville de la province 

la plus pauvre et la plus reculée du centre de la France, entrez dans la maison où se réunit une modeste famille pour le repas du soir, et voyez : le linge qui couvre la table, les rideaux qui ornent la fenêtre sont faits avec ie coton de l’Inde ou des Etats-Unis les meubles sont peut-être de palissandre ou d’acajou )e poivre. ie café, )e chocolat, les épices et tant d’autres denrées qui sont entrées dans la consommation quotidienne viennent d’outre-mer, comme en viennent sans doute aussi les quelques pièces d’argenterie qui figurent sur la table ou dans lebuffet. Entrezdans lespalais des grands, dans ces résidences princières où se rassemble à certains jours i’éiite du pays, et demandez d’où viennent ces plumes, ces bijoux et les matières premières de ces étoffes somptueuses qui parent la beauté, ces pierres précieuses qui ornent le front des souveraines, cet or et ces diamants qui brillent sur les habits, qui scintillent sur les poitrines des plus dignes ? Visitez les asiles consacrés au soulagement de l’humanité souffrante vous trouverez que beaucoup encore des médicaments sont de lointaine origine. Parcourez les usines, les ateliers, les manufactures où des millions de nos concitoyens gagnent par le travail leur pain de chaque jour, et parmi les matières premières qu’ils mettent en œuvre le nombre sera bien grand encore de celles qui ont passé la mer. Qu’inventerions-nous pour faire vivre les ouvriers de Lyon, de Rive-de-Gier, de Ximes, si nous étions privés des soies de la Chine et du Japon ? Quel État pourrait se passer aisément des millions que lui rapportent les droits de douanes levés dans ses ports ? S’il est un des instruments les plus utiles de la paix et de la civilisation, le navire est aussi la plus merveilleuse machine que le génie de la guerre ait encore inventée. Aucune ne renferme dans ses flancs et sous un moindre volume une aussi terrible richesse d’engins de destruction. Aucune n’est douée de moyens d’exécution aussi puissants. Aucune ne peut aussi bien se suffire elle-même, ni porter snr un point donné d’aussi redoutables efforts, ni les porter avec autant de rapidité, ni les porter aussi loin. La mer confine à presque tous les pays du monde ; celui qui en serait le maltre pourrait tenir tous les peuples dans une dépendance à peu près certaine, au moins pourrait-il les menacer tous. Aucun gouvernement n’a joui d’nne prépondérance sérieuse qui n’ait pas été appuyée sur la prépondérance par mer, aussi est-ce un empire qu’il ne faut