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grâce surtout à son immense fortune et à celle de ses complices, l’enquête n’eut pas de résultats sérieux, et un simple blâme fat infligé au très-honorable Robert Clive, baron de Plassaye. Cependant, en 1773, le priviléve de la Compagnie étant sur le point d’expirer, le Parlement revisa ses règlements et lui donna une nouvelle charte. En vertu de cette charte, on établit à Calcutta un gouverneur générât, auquel étaient soumis lesgouverneurs particuliers des provinces de Madras et de Bombay. M fut institué auprès de ce gouverneur un conseii de quatre membres qui devait assister le gouverneur et partager avec lui la direction des affaires. Le premier gouverneur général de l’Inde fut Warren Hastings, déjà gouverneur du Bengale. Le nouveau gouverneur continua l’œnvre de Clive et les malheureux Hindous furent peut-être même réduits à regretter le règne de leur ancien oppresseur. Hastings fut violemment attaqué dans le Parlement ang !ais, et tout le monde sait avec quelle éloquente indignation Pitt, Fox, Bnrke et surtout Shéridan lui reprochèrent ses crimes. L’Angleterre tout entière s’associa aux orateurs qui protestèrent au nom de l’humanité et de la civilisation contre la conduite d’Hastings, mais la majorité parlementaire écarta les accusations et déclara Hastings absous. Plus tard même, il fut récompensé par le titre de pair, et les Anglais, oubliant tous ses crimes, ne virent plus en lui que l’homme qui leur avait assuré l’empire de l’Inde.

A cette époque, la Compagnie anglaise était en effet maltresse de tout 1° pays, et elle disposait à son gré de l’empire ues Mogols qui ne conservait pins qu’un fantôme de souveraineté il lui restait encore cependant deux ennemis redoutables à l’ouest, la confédération Mahratte, et an sud, l’empire de Mysoure.

Les Anglais, redoutant l’esprit guerrier de Tipoo-Saheb, sultan de Mysoure, se liguèrent contre lui avec les Mahrattes et avec le subahdar du Décan,puis envahirent sesÉ’ats. TipooSaheb, vaincu sous les murs de Séringapatam, fut forcé d’abandonner aux Anglais une partie de son royaume et de leur payer une contribution de 60 millions. Quelques années plus tard, ce prince ayant envoyé une ambassade à Louis XYl (1787), et ayant entamé des négociations avec le gouvernement de I !le de France, les Anglais, comprenant qu’ils ne pourraient jamais être assurés de la paix tant qu’il resterait sur son trône, résolurent d’anéantir le royaume de Mysoure.

Tipoo résista longtemps, et, aidé d’un certain nombre de Français qu’il avait à son service, et entre antres du général Raymond, il lutta avec l’énergie du désespoir. Il fut vaincu en 1798 et périt dans une bataille. Les Anglais s’emparèrent d’une partie de ses Etats, et donnèrent l’autre partie à un souverain indigène qui gouvernait sous le contrôle des employés de la Compagnie. Le général Raymond, privé de tout secours, car la République française ne pouvait envoyer aucun navire dans la mer des Indes, lutta cependant contre la puissance anglaise. Réfugié dans le Décan, il avait acquis sur les populations de ce pays une telle influence qu’il était devenu un adversaire redoutable. Malheureusement, il fut empoisonné, et avec lui le nom français s’éteignit dans ces pays qu’il avait si longtemps remplis. Les Indiens, privés de leur dernier défenseur, furent alors entièrement livrés à l’Angleterre. Lord Wellesley, alors gouverneur généra ! de l’Inde, inaugura le système fidèlement snivi depuis par ses successeurs. Ce système, nommé le système subsidiaire, consistait à garantir la domination de certains princes indigènes et à les protéger contre leurs ennemis. De leur coté, les princes indiens payaient une redevance à la Compagnie, et livraient leur capitale et les points stratégiques les plus importants à des garnisons anglaises qui les occupaient. Peu à peu les Anglais s’emparèrent ainsi de la plus grande partie des villes importantes, et la domination des princes indigènes, réduite à une simple royauté nominale, passa entre leurs mains lorsque les circonstances leur parurent favorables et lorsque les nécessités de leur politique l’exigèrent.

Ils rencontrèrent cependant quelquefois des résistances énergiques, mais déjà ils étaient assez puissants pour ne plus redouter les indigènes, et ils réprimèrent avec la plus grande cruauté toutes les velléités d’indépendance, profitant de chacun de ces soulèvements pour étendre et assurer leur domination. Ce fut ainsi qu’ils s’emparèrent de la confédération des Mahrattes. et que lord Wellesley et le général Lake anéantirent cette puissance redoutable qui était le seul adversaire sérieux de la Compagnie anglaise.

En 1826 le rajah de Bueth ayant été assassiné, ils chassèrent l’usurpateur et replacèrent sur le trône l’héritier légitime, qui fut dès lors un des vassaux de la Compagnie.

Ce fut à peu près à cette époque que William Bentinck fut nommé gouverneur généra). Cet administrateur habile s’appliqua à améliorer le sort des sujets de la Compagnie, p’entreprit aucune guerre nouvelle, et sous sa paternelle administration les Hindous purent nn instant oublier tous les maux qu’ils avaient soufferts. L’administration de lord Bentinck fut tout entière occupée à d’importantes réformes administratives, et la Compagnie n’eut à combattre que quelques troubles, promptement réprimés, à Nagpour et dans le Mysoure.

Lord Bentinek, sentant combien il importe à un gouvernement d’être averti des faits et gestes de ses agents, établit la liberté de la presse dans toutes les possessions anglaises. Il réforma la police, et veilla avec le plus grand soin à ce que les agents anglais, respectant les coutumes des indigènes, ne leur fournissent aucun prétexte de rébellion. Ainsi que nons le verrons, les précautions prises par lord Bentinck étaient indispensables à la sécurité des Anglais, et si ses successeurs avaient toujours suivi la même ligne de conduite, il est probable que de grands malheurs eussent été épargnés.