Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/81

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l’imperfection. Accorder à 1-~hse la puissance temporelle et spirituelle, c’est en déCmt.ve mettre la toute-puissance sur cette terre dans les mains d’un homme. Cet homme est failli- ible quand même on lui ireconnaitrait l’infaillibilité en fait de foi. Un seul homme supporterait-il le poids du gouvernement des choses spirituelles et temporelles de la chrétienté ? Ce pouvoir excessif est incompatible avec la faiblesse humaine ; il aboutirait l’ 1 arbitraire et à la tyrannie »

Kous disons que le gallicanisme est la tradition nationale de la France, et que l’on ne doit pas rompre légèrement avec une tradition séculaire. Il faut dire plus. Le gallicanisme est mieux qu’une doctrine, la déclaration du clergé français de 1682 fait partie du droit publie de la France ; elle a été consacrée par la loi organique du 18 germinal an X. L’article 23 charge les évêques de l’organisation de leurs séminaires, avec obligation de soumettre ]cs règlemen ts à l’approbation du premier consul, et l’article 24 porte Ceux qui seront choisis pour l’enseignement dans les séminaires souscriront la déclaration faite par le clergé de France de 1682, et publiée par un édit de la même année. Ils se soumettront à y enseigner la doctrine qui y est contenue, et les évêques adresseront une expédition en forme de cette soumission au conseiller d’Etat chargé de toutes les affaires concernant les cultes. » Ainsi le gallicanisme est une doctrine légale en France il oblige donc le clergé aussi bien que les laïques, car nous ne reconnaissons à personne le droit de se mettre au-dessus de la loi. 11 nous reste à voir ce que devient la doctrine gallicane ; si l’on admet !e dogme de l’infaitlibilité papale. Portalis a raison de dire que ]e conflit qui divise les gallicans et les ultramontains est une question de souveraineté ; il s’agit de savoir si la souveraineté appartient à l’État ou au pape. D’Aguesseau, l’illustre chané celier, fait à ce sujet une remarque qui est capitale. Les papes, dit-il, ont bien des fois disposé du temporel des souverains, transféré les sceptres et les empires, délié les sujets des serments qui les attachent à leurs princes. Si les papes sont infaillibles, ces décrets ont l’autorité d’un dogme et sont immuables comme S la vérité éternelle C’est dire que la souveraineté appartient au pape.

On connaît si peu l’histoire de l’Église que tien des lecteurs nous demanderont quels sont les décrets des papes qui minent la souveraineté civile. Les limites de notre D !’c<oM ?M !t’re ne nous permettent pas de transcrire les bulles de Grégoire YII, d’Innocent 111 et d’Innocent IV ? Nous nous bornons à citer la bulle fameuse de Boniface VIII, CKCM sanctam, publiée à l’occasion de la lutte de Philippe le Bel contre le pape.

. Bossuet, DeJemio c !ee !<n’a<Mm< ; chez M. GalUanmin, )ib. I, sect. n, p. S5.

. D’Agnessean, Jff~motre sur !M o~Mfe« !e !fo !Me < !e.Fr’mee.(<EtttreB,t.Xin,p.ll9.) . On les trouve dans mon étnde sur la .PapoM~ et

!Emj !M-e, et dans mon étude sur I’.En :Me et !E<et. 

<* édition, in-12,1.1, p. MO-246.

Nous croyons et confessonsune église sainte, catholique et apostolique, hors laquelle il n’y a point de salut. L’Eglise est unique, c’est un seul corps, qui K’< ! ~M’MM chef, et non pas deux, comme un monstre. Ce seul chef est Jésus-Christ, et saint Pierre son vicaire, et la successeur de saint Pierre. Nous apprenons par <EM~t7<’ que, dans cette Eglise et sous sa puissance, sont deux glaives, ]e temporel et le spirituel : l’un doit être employé par l’Église et par la main du poutife fcM~e par l’Église et par la main des ?-otï et des guerriers, sur ~’or~-e et la permission du pontife. Or, t//cM< <~M’MH glaive soit soumis à <’aM~, queia~M~~a ?:ce temporelle soit soumise à la puissance ~) !’ ?’t~~e, autrement elles ne seraient pas ordonnées, et elles doivent l’être, comme le dit l’apôtre. Suivant le témoignage de la vé ?’t’<e, << : puissance spirituelle doit tM~ !< ;ie~’ la temporelle, et la ~M~o’ si elle s’égare. A’ter que les princes soient soumis à l’Église, c’est admettre deux principes coMNie les AfaKtcA~Mï. La conclusion de la bulle est qu’il est de nécessité de salut que toute créature humaine soit soumise au pape

La déclaration de 1682 est le contrepied absolu de la bulle de Boniface. Nous sommes obligé de la transcrire, parce que nos lecteurs ne la connaissent pas plus que ]a bulle P/Mm MKc~MM. Le clergé deFrancedéclare que «saint Pierre et ses successeurs, vicaires de JésusChrist, et que toute l’Eglise même, n’ont reçu n de puissance de Dieu que sur les choses spirituelles et qui concernent le salut, et non point sur les choses temporelles e/ civiles JésusChrist nous apprenant lui-mème que son

royaume n’est pas de ce monde, et, en un autre endroit, qu’il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est ù Dieu et qu’ainsi le précepte de l’apôtre saint Paul ne peut en rien être altéré ou ébranlé.’ Que toute ~er~oKKe est soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c’est lui qui ordonne celles qui sont sur la terre ; celui donc qui s’oppose aux puissances, résiste à ~o~e de Dieu. Nous déclarons en eonséquenee que les rois et les souverains ne sont ~0 !<MM à OMCMMe puissance ecclésiastique par l’ordre de Dieu, dans les choses temporelles, qu’ils ne peuvent être déposés ni directement ni indirectement par l’autorité des chefs de l’Église ; que leurs sujets ne peuvent être dispensés de la soumission et de l’obéissance qu’ils lui doivent, ni absous du serment de Cdélité, et qne cette doctrine, nécessaire pour la tranquillité publique, et non moins avantageuse à l’Église qu’à l’État, do.t être inviolablement suivie, comme conforme à la parole de Dieu, à la tradition des saints Pères et aux exemples des saints. » Le clergé de France proclame l’indépendaice de la puissance civile, tout en revendiquant la puissance spirituelle pour l’Église. Boniface VU ! nie l’indépendance du pouvoir civil, ce qui aboutit à nier la souveraineté civile dans son 1. Henry, Histoire <MM«<M« :tt<, t. XO, p. 19.