Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/103

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jeune Dieu, protagoniste multiforme de ses créations, qu’il se nomme Merodack, Nebo ou Nergal, c’est-à-dire Péladan lui-même, esquissé plus haut.

Comblé de tous les dons que puisse assumer la charogne humaine ; si merveilleusement beau que les princesses meurent d’amour en le regardant et que les vieillards les plus austères s’élancent dans le train de Sodome, aussitôt après l’avoir aperçu ; orné de l’intuition des prophètes et gratifié de la puissance des miracles ; ayant approfondi toutes les sciences et scruté toutes les langues, jusqu’à pouvoir déchiffrer en se jouant « les hiérogrammes en hébreu zodiacal à points numériques » ; à la fois mage et dandy ; — ce pontife des séphirots s’approche, en dissimulant sa tiare, de la société contemporaine ; il prend par la main la plus belle, la plus fière, la plus vierge de toutes les filles de l’occident et la traîne dans tous les bordels de Paris pour lui donner l’horreur du péché en lui magnifiant l’esprit et le cœur.

Rien, non, rien ne peut donner une idée de l’ânerie, de la cuistrerie, de la balourdise enflammée de ce « périple de l’enfer parisien » que le pauvre diable ignore, d’ailleurs, aussi profondément que l’hébreu zodiacal ou même que le latin d’église.

Il vint un jour me trouver quand il n’était pas encore devenu glorieux, et me pria de lui signaler quelques textes bibliques dont il avait un