Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/128

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celle-là ne pourra pas être facilement effacée. En conséquence, il s’efforce de la masquer sous la draperie d’un patriotisme loqueteux dont les mites elles-mêmes ne veulent plus, mais dont il espère que se contentera la postérité.

« J’ai toujours servi mon pays en bon patriote que je suis, dit-il, et je continuerai à le servir de même jusqu’à ma mort. » Si tout le monde avait servi la France comme lui, j’imagine que ce beau pays d’enthousiasme et de générosité serait Allemand jusqu’au fond de ses bottes, depuis une vingtaine d’années pour le moins, car il est difficile de nommer un individu qui ait autant fait que celui-là pour propager dans le monde latin le scepticisme de la servitude.

« Il est de mon devoir de bon Français, dit-il encore, de protester énergiquement contre les propos horribles que m’attribue M. de Goncourt. » Le mot devoir est ici très-fort. Il implique logiquement une espèce de sacrilège dont ce romancier « inintelligent et grossier » se serait rendu coupable en égarant un fusain plus que téméraire sur le profil goutteux et cocasse de Trimalcion.

C’est vraiment un spectacle singulier d’assister à la déliquescence de certains bonshommes que les croque-morts oublient d’enterrer. À ce point de vue, Goncourt et Renan se valent et s’équilibrent exactement dans la balance de l’Absolu.