Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/13

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sible, même en patois carthaginois, dont l’humanité généreuse rémunère tout promulgateur d’Absolu ?

La vipère noire se déroule avec fureur, aussitôt que vient à passer la boule de flammes où s’est condensé le tonnerre. Beaucoup mieux qu’un autre, à coup sûr, vous avez pu l’entendre siffler, l’horrible serpent, ayant eu l’audace d’emprunter une forme sainte à la Passion douloureuse de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Eh bien ! ne cherchez pas plus longtemps, vous y êtes en plein et je n’ai pas d’autre lumière à vous proposer.

Je n’aurais jamais attaqué personne, que l’exécration dont m’honorent les contemporains serait identique. N’eussé-je en moi que la plus infinitésimale portioncule de cet Absolu détesté dont le seul pressentiment désagrégerait jusqu’aux pilastres des cieux, — tout est dit, et je n’ai plus qu’à décamper avec précipitation dans les intérieurs du désert, du très-affable désert où subsiste encore la progéniture de ces bons corbeaux nourriciers, qui déjouaient les complots des affameurs de prophètes.

Tel est le secret, l’unique secret. Un homme peut avoir du génie et n’être pas universellement abhorré. L’exemple de Napoléon et de quelques autres le prouve. Un homme peut même devenir un Saint, ce qui est diablement