Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/169

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C’est une ressource vraiment admirable que la chasteté ! L’éducation catholique moderne, demeurée fidèle à des traditions deux fois séculaires, enseigne imperturbablement que le plus énorme de tous les forfaits est l’impureté des sens. Il ne tient qu’aux âmes novices d’être persuadées que cette faute sans égale est l’attentat mystérieux que l’Évangile a déclaré sans pardon, tant les apophtegmes et les maximes de leurs pédagogues sont épouvantants à cet endroit.

Sans doute, les rigueurs du ciel doivent s’exercer sur les menteurs ou les paresseux, mais elles doivent triplement sévir contre les cœurs lascifs et les reins coupables. Le pardon des mains de Jésus en croix pleut à torrents sur les avares, sur les perfides, sur les bons chrétiens qui ne connurent jamais la pitié, mais il se refuse à brumer seulement du côté des fornicateurs. Enfin, il est tout à fait permis d’être sans amour quand on est sans libertinage.

Des êtres ainsi cultivés peuvent grandir et se mêler au convoi du genre humain. Ils peuvent, en secret, camper dans les marais de la luxure, acheter des études de notaires à Sodome, réaliser l’acclimatation de leur crottin dans la Voie lactée, ou bien s’en tenir pleutrement aux pratiques recommandées de la conjugale vertu ; ils n’arriveront jamais à vaincre le pli de cet enseignement initial. Et d’ailleurs, pourquoi chercheraient-ils donc à se débarrasser d’une aussi