Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/173

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sang n’y coule pas et que le massacre ne s’y fait que dans l’ordre des sentiments et des mœurs. »

Ce genre de tragique, il l’a donc trouvé précisément où il le cherchait, dans le dénombrement des cancers occultes, des inexplorés sarcomes, des granulations peccamineuses de l’hypocrisie.

Ah ! le cagotisme grossier conçu par Molière paraît peu de chose à côté ! C’était la répercussion, dans une cervelle de matassin, du borborygme religieux d’un grand siècle ignoble, et toutes les formules jansénistes ou gallicanes qui précédèrent ou suivirent le chef-d’œuvre prétendu de cet inane farceur, n’ont jamais donné rien de plus, en somme, que la rudimentaire assertion d’une grimace aussi centenaire que le sentiment religieux dans l’humanité.

Barbey d’Aurevilly ne mentionne point de simagrées. Il n’a que faire du cul-de-poule et des contorsions physiques enregistrées par un saltimbanque pour la trop facile désopilation des bourgeois. Ce grand artiste prend quelques âmes, les plus fortes, les plus complètes qu’il ait pu rêver, des âmes sourcilleuses et inaccessibles qui semblent faites pour la solitude éternelle, il les enferme dans le monde, maçonne autour d’elles des murailles d’imbéciles, creuse des circonvallations de chenapans et des contrevallations de pieds-plats ; puis, il verse en elles, jusqu’au nœud de la gorge, des passions d’enfer.