Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/175

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Barbey d’Aurevilly a voulu montrer cette âme dans l’exercice de sa liturgie de ténèbres, en plein conflit de son mystère avec la convergente police des yeux des profanes…

C’est pourquoi son livre donne l’impression d’une espèce de sabbat, le sabbat effréné de la Luxure autour du Baphomet du Mensonge, dans quelque endroit prodigieusement solitaire et silencieux, où l’atmosphère glaciale absorberait jusqu’au plus aphone soupir. Cela, au milieu même d’un monde superficiel dont l’insignifiance hostile ne soupçonne rien du voisinage de ces épouvantements.

C’est un trou d’aiguille à la pellicule de civilisation qui nous cache le pandémonium dont notre vanité suppose que des cloisons d’univers nous séparent. Le redoutable moraliste des Diaboliques n’a voulu que cela, un trou d’aiguille, assuré que l’enfer est plus effrayant à voir ainsi que par de vastes embrasures.

Et c’est bien là que son art est véritablement affolant, l’horreur qu’il offre à nos conjectures étant, d’ordinaire, beaucoup plus intense que l’horreur qu’il met sous nos yeux. On a parlé de « sadisme » à propos de lui. Je me garderais bien de l’en défendre, puisque la logique de son œuvre exigeait précisément qu’il y pensât. Ce qu’on entend par sadisme est-il autre chose qu’une famine enragée d’absolu, transférée dans l’ordre passionnel et demandant aux pratiques de la cruauté le condiment des pratiques de la