Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/178

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sculpteurs inconnus, du Moyen Âge, qui mentionnaient innocemment toutes les hontes des réprouvés sur les murs de leurs cathédrales.

L’Église n’était pas bégueule alors et les cœurs purs avaient des yeux purs. On ne se salissait pas aussi facilement qu’aujourd’hui et les esprits chastes pouvaient affronter sans péril l’ostentation même des folies charnelles qu’une foi profonde faisait abhorrer comme des manifestations du pouvoir du Diable. En dehors du Sacrement, l’amour ne paraissait plus qu’une immondice et la représentation matérielle de ses désordres, bien loin de troubler les simples qui s’en venaient adorer le Fils de la Vierge et le Roi des Anges, les fortifiait, au contraire, dans l’exécration du vieux Tentateur.

Parce que nous sommes aujourd’hui phosphorés comme des charognes, Barbey d’Aurevilly semble un incendiaire. Telle est la justice. Mais les catholiques allumables, surtout, ont sujet de le détester, pour la double injure de les menacer eux-mêmes de son brandon et de prétendre, néanmoins, leur appartenir. L’Église romaine en vénère pourtant beaucoup, sur ses autels, de ces vieux Docteurs qui n’y mettaient pas tant de façons et qui ne croyaient pas le moins du monde qu’il fût si nécessaire de cacher l’opprobre dont le Rédempteur s’était accoutré comme d’un vêtement de fiancé !

Jusqu’à l’avénement des deux cliques de Luther et de Jansénius, ç’avait été une tradition