Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/190

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nitions dépasse évidemment tout formulable critère et ne relève plus que de l’intuition des admirateurs. Tout ici est exceptionnel. On est en présence d’un chrétien que le christianisme n’a pu combler, parce qu’il le juge inaccompli, et qui se désespère de voir les promesses de l’Évangile indéfiniment prorogées. En même temps, il est pénétré jusqu’aux moelles du pressentiment de la très-imminente venue d’un Seigneur qui s’est évadé de nos misères, il y a dix-neuf siècles, en promettant de revenir.

La confrontation des événements actuels avec les prophéties sacrées lui démontre surabondamment que cette heure est proche et il en a une soif terrible. Ce serait, en une seule fois, l’absolu de la Vérité, de la Justice, de l’Amour et de la Magnificence ! Ce serait la vengeance du Pauvre et l’humiliation infinie des sages vautrés dans le fumier de leurs oracles, dont la puanteur d’assouvissement l’a tant fait souffrir. Ce serait enfin la réhabilitation de Dieu, qui ne paraît pas se souvenir de ceux qui l’aiment et qui fait banqueroute à sa Parole en dormant d’un si long sommeil.

« Votre victime déchirée vous redemande ses membres ! » crie-t-il, s’adressant aux bourreaux éternels du Christ, et l’on s’aperçoit sur-le-champ que c’est à peine s’il pense à ces animaux d’orgueil.

L’invective pourrait aussi bien s’envoler vers la Victime elle-même, qui ne fait rien pour ré-