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IV

Tout à l’heure, je nommais Baudelaire, parce que toute celsitude poétique invoque nécessairement ce sommet de la poésie moderne. Mais il ne saurait être question d’aucun parallèle. Verlaine parle la langue de Baudelaire puisqu’il n’existe plus d’autre langue pour un artiste, mais il n’est pas son disciple et ce qui les sépare semble aussi profond que l’éternité.

Baudelaire fut un rebelle atroce et navré, un blasphémateur compliqué, versatile et déconcertant, qui cherchait parfois la prière pour s’en faire une arme empoisonnée contre lui-même. Verlaine est une âme suppliante, un repenti tout en pleurs aux pieds du Christ dont il n’ose contempler la Face, et ne réclamant rien que

D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison.

L’auteur de Sagesse, au lendemain de sa conversion, n’a pas imaginé d’autre besogne que l’imploration du pardon. Il ne conçoit pour un chrétien que cet office et ce labeur. Demander pardon pour les injures et pour les bienfaits, pour les voluptés et pour les tristesses, pour chacune