Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


En attendant l’assomption dans ma lumière,
L’éveil sans fin dans ma charité coutumière,
La musique de mes louanges à jamais,

Et l’extase perpétuelle et la science,
Et d’être en moi parmi l’aimable irradiance
De tes souffrances, enfin miennes, que j’aimais !

L’ensemble de la pièce d’où sont tirés ces quatorze vers, la plus longue de Sagesse, donne l’idée d’une partition des cieux tamisée au crible de la voie lactée et adoucie, jusqu’à la plus voilée des euphonies, par le blême capiton des nues.

C’est un poète religieux d’une douceur si singulière qu’on la croirait eucharistique. Ce ne sont pas précisément les choses qu’il dit qui nous émeuvent, elles furent dites longtemps avant lui par tous les écrivains religieux, avec d’infinies élucidations. Ce n’est pas même l’autorité papale de son vers ni la nonpareille fantaisie de sa métrique, c’est l’accent, l’indicible accent de son amoureuse foi !

Quand on parcourt son livre en plein trouble des idées mondaines, il est à peu près impossible qu’on en soit frappé. Il peut même arriver qu’on le méprise comme une oiseuse réitération de babils anciens. Mais si l’âme est dans l’équilibre de son repos, cette poésie se répand en elle comme un électuaire ou un népenthès.

Alors, du fond des ondes de la mémoire, surgissent tout à coup les suavités presque oubliées d’autrefois : les frileux tintements des cloches,