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III

On a tué en moi ce qui est moi, ce qui eût été moi.
Ernest Hello mourant.


« Plus heureux que Jacob », raconte l’historien surabondamment qualifié dans les alinéas qui précèdent, « Ernest Hello eut mieux qu’une pierre où reposer sa tête, sa tête lourde du poids de ses pensées, il eut un cœur ; mais cela peut-être ne lui eût pas suffi, il eut une intelligence. »

Cette intelligence et ce cœur, qui remplacèrent d’une façon si avantageuse le caillou du patriarche, appartenaient à madame Hello, à la nonpareille Maman Zoé, comme la nommait déplorablement son mari qui ne s’aperçut jamais du ridicule hideux de démarquer ainsi Jean-Jacques Rousseau.

Cette dame, qui a ouvert le trésor de ses souvenirs et de ses petits papiers au profanateur et qui est devenue, pour sa récompense, l’héroïne casquée d’un livre exécrable, eût mieux fait, je crois, d’employer ses derniers ans à demander pardon pour son crime d’avoir dégradé, rapetissé jusqu’à sa mesure et finalement avili l’un des plus nobles poètes.

Je l’ai connue, il y a plus de quinze ans,