Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/254

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Et quant à vous, très-cher ami, bon voyage ! Ne renoncez pas à votre livre. En attendant, écrivez mon nom sur la poussière des grandes routes que vous allez parcourir, comme le nom de celui qui ne peut pas se passer de voir et de toucher ce qu’il a demandé et voulu !

Vous crierez mon nom du fond de tous les abîmes et du sommet de toutes les montagnes comme le nom de celui qui veut absolument et éperdument voir, voir, voir sur la terre ce qu’il a demandé !

Et vous placerez mon nom sur toutes les lèvres, même les moins éloquentes, même les plus médiocres, afin que tout, à la fois, dise et crie mon éternelle réclamation !

Je ne saurai où vous adresser mes lettres. Mais je vous supplie de m’écrire plusieurs fois pendant votre voyage.

Ernest.
Kéroman-Lorient.

Combien je devrais vous avoir écrit déjà, cher et très-cher ami ! Je pense à vous, et je vous écris peu. J’ai été très-souffrant depuis mon arrivée ici. J’ai eu des douleurs névralgiques et j’ai passé des jours dans d’épouvantables découragements.

Le prêtre de la rue d’Ulm a dit à A. M. ce que je lui avais dit moi-même. Il faut un signe. Ce signe ne doit pas être une chose indifférente en elle-même. Il faut qu’il soit important par son objet propre, important par lui-même, important en tant que chose obtenue, et important en tant que signe des autres choses à obtenir. Il faut qu’il soit à la fois satisfaction et gage des satisfactions !