Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/270

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sans exception, lui sont onéreuses comme des concubines ou des esclaves dont il n’est pas sûr.

Mais la Latine est sa bien-aimée, « sa parfaite, sa colombe, son immaculée ». C’est en elle seule qu’il veut prendre ses délices et fixer éternellement ses complaisances.

Ses plus rares trésors, il les lui confie à jamais, parce qu’elle est — comme la Vierge même — l’Image de sa Sagesse, l’Arche vivante de son Corps, la Voix lactée de son ciel, l’imprenable Tour Davidique, la Fontaine de dilection, la Règle de l’obéissance très-parfaite et la Force des martyrs.

C’est donc à elle seule qu’il peut confier avec certitude la Sueur de sang de son Agonie, la Plaie précieuse de son Côté, les Piqûres de sa terrible Couronne, les Trous de ses Mains et de ses Pieds, les Blessures infinies de sa Passion, sa Face outragée, et le sens indévoilé de tous ces mystères.

Il sait si bien qu’on ne peut pas tromper cette gardienne concise !

Et quand, fatigué de l’arrangement des mondes, il aura enfin congédié le temps et l’espace, c’est avec elle, décidément, qu’il s’enfermera et se cadenassera dans l’Éternité.

Quel est donc le premier sot qui a dit que le Latin est une langue morte ?