Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/273

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mont qui paraît être, après Verlaine, le démarcateur le plus péremptoire de l’évolution des âmes, en cet instant.

Son livre est si beau qu’on ne sait même pas comment il put être écrit au milieu des poussières et des vermoulures de l’érudition formidable qu’il suppose.

J’aurais, certes, bien voulu le montrer en toutes ses parties, m’efforçant de rompre les grilles et les triples barres qui séquestrent, comme un fauve, toute contemporaine manifestation de grandeur.

Mais était-ce possible, cela ? Des œuvres si fortes sont pour un petit nombre de vivants esprits et parfaitement inintelligibles à la multitude des morts.

Avais-je mieux à faire, en somme, que de monter, ainsi que je viens de le faire, sur une colline vouée à l’exécration et d’y annoncer simplement aux hommes de bonne volonté les magnificences qu’ils ignorent ?

Le Latin mystique est ainsi conçu :

Tout le Moyen Âge, c’est-à-dire les mille ans d’histoire où les hommes ont le plus aimé, se précipite vers le Stabat, vers le grand Planctus de la Compassion de Marie. Il ne fait pas autre chose et n’a pas autre chose à faire.

C’est un vaste fleuve de pleurs, plein de soupirs et de vociférations amoureuses, qui coule sans interruption, à travers un espace immense, tantôt dans l’ombre et tantôt dans la lumière.