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J’aime enfin la pierre très-dure à laquelle Isaïe compare l’endurante Face du Christ…

Mais comment dire ma vénération, mon respect, ma tendresse terrifiée pour ces pierres si profondément inconnues des géologues ou des joailliers que virent ensemble dans le désert l’œil de Jésus et l’œil du Diable et que l’Emmanuel fut requis de transformer en autant de pains pour démontrer au Tentateur qu’il était vraiment le Fils de Dieu. Ces pierres, dès lors indiciblement précieuses, ne seraient-elles pas, — oh ! dites, si vous le savez, — ne seraient-elles pas les cinq pierres tout à fait pures que l’enfant David choisit avec tant de soin dans le torrent lorsqu’il allait combattre Goliath, qu’il serra dans sa besace de pasteur et qui signifiaient si clairement les Cinq Livres de la Loi que le seul Christ avait le pouvoir de transformer en du pain vivant[1] ?

Ah ! je ne finirais jamais, s’il me fallait dire toutes les pierres que j’aime ! Quarante volumes suffiraient-ils pour exprimer seulement le caillou qui pouvait offenser le pied de Jésus et à l’encontre duquel furent missionnées toutes les mains des anges ?

  1. Quinque lapides David : Comminatio, Promissio, Dilectio, Imitatio, Oratio. Sanctus Hieronymus, in Job.