Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/71

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mètres d’ascension parfaitement verticale avant d’arriver au sommet.

Les ingénieurs affirment que ce travail formidable sera terminé vers le mois d’avril. Nul ne le désire plus que moi. La Babel moderne est dans l’axe de ma fenêtre et je m’intéresse infiniment à son érection pour les causes profondes exprimées plus haut. Elle me paraît être, décidément, l’une des plus importantes manifestations humaines depuis un amas de siècles.

Mais j’aime Paris qui est le lieu des intelligences et je sens Paris menacé par ce lampadaire véritablement tragique, sorti de son ventre, et qu’on apercevra la nuit, de vingt lieues, par dessus l’épaule des montagnes, comme un fanal de naufrage et de désespoir.

J’en appelle, néanmoins, l’achèvement de tous mes vœux, parce qu’il faut, une bonne fois, que les prophéties s’accomplissent et parce que j’ai le pressentiment que cette quincaillerie superbe est attendue par les destins.

Ah ! ce noble Paris, comme il ne sera plus rien du tout, aperçu de cette hauteur ! Il s’humilie déjà bien assez du point où les ferrailleurs sont parvenus. Il lui faudra donc rentrer sous terre, quand on aura boulonné sur son front de gloire quelques dizaines d’arbalétriers de plus.

Et puis, cette tour, on ne la sent pas fraternelle comme les autres monuments de Paris. Elle ressemble à une étrangère d’Orient et on