Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourrait donner la raison plausible de ces agapes où il est question d’un roi qu’il faut tirer et que doit désigner le sort. Nul ne pourrait offrir le contingent d’un cinquantième de conjecture sur la pertinence ou l’opportunité des aboiements dont il est d’usage de saluer la fortuite élévation du potentat qui devra payer la soulographie suprême. Ils savent seulement que c’est la coutume de bâfrer et de rigoler en ce jour, sans y rien voir de mystérieux, et les plus malins de la société ne se privent pas d’insister avec ironie sur le beuglement traditionnel qui proclame l’érection d’un roi.

Ces derniers butors ont raison, d’ailleurs. Les rois qui nous apparaissent depuis deux ou trois cents ans ne sont pas faits pour fortifier en nous le sentiment de l’admiration. C’est étonnant comme ces parasites augustes ont abandonné leur principe et qu’ils aient pu, néanmoins, rayer si profondément de leurs antennes le vitrail flambant de l’histoire !

Le mépris de ces pasteurs d’hommes pour leurs troupeaux déconcerte l’entendement. Ils partagent, avec le mauvais riche qui est leur archétype, cette conviction idiote et carnassière que tout leur est dû, qu’ils sont les maîtres absolus de ce qu’ils détiennent et que les autres hommes ont pour vocation formelle de les ado-