sation est dans les cieux », a dit saint Paul. Parole étonnamment prophétique, vérifiable, trente millions de fois par jour, après dix-neuf siècles, non seulement chez l’épicier, mais chez tout bourgeois.
Il y en a qui parviennent à un très grand âge et qui meurent environnés de respect, au sein du gâtisme le plus avancé, sans avoir jamais parlé d’autre chose que de ce qui se passe dans le ciel.
LI
La crème des honnêtes gens.
Édouard avait soixante-quinze ans et Rosalie soixante-cinq. Mais leurs consciences étaient si pures qu’on les croyait jeunes. « Ils ne devaient rien à personne » ; ils « n’avaient jamais fait de tort à personne », et, par conséquent, « n’avaient rien à se reprocher ». On disait d’eux : la crème des honnêtes gens, pas moins, ce qui épuise tout simplement la louange humaine.
Édouard cachait sa source, comme le Nil. Il avouait seulement avoir été domestique, puis tenancier d’un hôtel garni à des époques et dans des quartiers inconnus. Il lui restait de ce passé une bonhomie essoufflée, une cordialité asthmatique et