Aller au contenu

Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Essayez de vous mettre en face de cette horreur : l’exploitation et le dépeçage du Paradis terrestre ; l’irruption du notaire, du métreur, de l’entrepreneur et des tramways électriques sous ces ombrages de six mille ans qui ont vu l’Innocence humaine… !

Par nature le Bourgeois est haïsseur et destructeur de paradis. Quand il aperçoit un beau Domaine, son rêve est de couper les grands arbres, de tarir les sources, de tracer des rues, d’instaurer des boutiques et des urinoirs. Il appelle ça monter une affaire. On m’assure qu’il existe, sur le Golgotha, une entreprise avantageuse de commodités.


CII

Encourager les beaux-arts.


Quand le Bourgeois, retiré des affaires, a marié sa dernière fille, il encourage les beaux-arts. Ça et les timbres-poste, ça va toujours. Ce précieux encouragement consiste à payer fort cher la camelote ou le gratin des artistes décorés. Entre Memling encore inconnu et un peinturier du Luxembourg, il n’hésitera pas une seconde. Si vous lui proposez une toile d’un garçon de génie non ins-