Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/209

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Nom de Dieu sortait d’elle, comme l’eau refoulée avec force d’un puits profond, et il fallait entendre les plaisanteries boueuses des internes, jeunes crapules jutées naguère sur des paillasses de vomissement, dans l’allégresse des gredineries, par des boutiquiers sans horizon.

Une autre en cheveux courts, pas religieuse mais plus effrayante encore, se croyait un homme, s’habillait en homme autant que possible, affectait des allures d’homme et faisait la cour à la surveillante, indéclinable trognon qui passait pour avoir été une jolie fille à la prise de Sébastopol.

Ces deux misérables, — cette aboyante religieuse et cette androgyne, — pouvaient être sûres de leur affaire. Parmi les hideurs de ce canton de l’Abîme où tout est médiocre, même la mort, quoi de plus tragique ?

La dernière vision que Geneviève emporta, pour ne l’oublier jamais, fut celle d’un groupe de folles se cousant des robes blanches pour la Sainte-Catherine qui approchait. L’une d’elles, une sorte de petite jeune fille à l’air vieux, courait sur de hauts talons, de salle en salle, cherchant des rubans qu’elle ne trouvait jamais. Le jour de sainte Catherine venu, les toilettes sinistres s’étalaient, se déployaient sur ces mortes sans repos, allant et venant, avec des manières, sans pouvoir trouver leurs sépulcres.

Geneviève se rappellera toute sa vie — souvenir bizarre et cruel qui flotte obstinément au-des-