Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/212

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est, en même temps, un mot banal et une réalité des plus mystérieuses, et quand il est annoncé, que ce soit à voix basse ou par la clameur désespérée des tocsins, on dirait que c’est lui qui joue avec l’homme, tant il affole du pressentiment divin les plus lamentables imbéciles !


CXXII

Le bon Dieu.


Faut-il avoir la conscience en mauvais état pour dire le bon Dieu ! J’ai beau faire, je ne me représente pas un martyr faisant usage de cet exemple de la règle des adjectifs. Zola lui-même, quand il paît ses vaches, s’écrie quelquefois : « Grand Dieu ! » si l’une d’elles vient à clocher ou à ballonner. Mais, de la part de ce juste, c’est une exclamation pieuse, un élan du cœur, tandis que le bon Dieu du commun des gens n’implique pas un atome de dévotion.

Le bon Dieu du Bourgeois est une espèce de commis dont il n’est pas sûr et qu’il se garde bien d’honorer de sa confiance. Il le paie mal et se montre habituellement disposé à le congédier, quitte à le reprendre le jour même, s’il en a besoin. Car, il n’y a pas à dire, le bon Dieu est extrême-