Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/230

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pratiqué fort assidûment et devine-t-il pourquoi ? S’il avait l’avantage de connaître le curé d’une paroisse quelconque, ce ministre superflu pourrait lui apprendre que la plupart des bourgeois meurent sans confession parce qu’il faudrait restituer. La famille, qui craint ce dénouement d’une existence de coquineries et de brigandages, fait la garde la plus sévère autour du moribond pour qu’il « ne voie pas les choses trop en noir ». Le prêtre, quelque demandé qu’il ait été, n’est introduit que lorsque son ministère est devenu inutile et, pour cela, les plus sacrilèges mensonges paraissent licites.

Je serais curieux de savoir quel doit être, en pareil cas, le bénéficiaire de la compassion du Premier Homme, car, enfin, il y a trois personnes morales en présence, également dignes d’intérêt : le moribond, les héritiers du moribond et les étrangers volés par le moribond. Il est indispensable de choisir. Si on cache au voleur qu’il est sur le point de crever, il ne songera guère à restituer. Si on l’avertit, il est probable qu’il n’y songera pas davantage, même après les exhortations du prêtre, mais il y aura des chances. Ce sera une affaire de tous les diables, c’est le cas de le dire. Encore une fois, sur qui tombera la miséricordieuse pitié du Premier Homme ?

Je parlais tout à l’heure du démenti continuel infligé par le Bourgeois au Texte sacré. Le même, à son lit de mort, me fait penser, — tellement il