Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/295

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discours d’Hanotaux et une muse du peuple et pas pour un sou d’hypocrisie. Voilà un grand homme fameusement consolé dans son endroit ! Ah ! il en avait des opinions, celui-là aussi, et c’est étonnant ce que le coup de gueule de Gabriel a dû lui servir ! On croirait vraiment qu’ils savent où ils veulent aller, tous ces imbéciles douloureux, tous ces idiots éternellement lamentables !

Pour revenir à mon mourant, c’est une unité dans la multitude, rien de plus, et j’ignore absolument où était cet homme et ce qu’il faisait en 1870. J’ignore même s’il était un homme en ce temps-là ou en aucun temps. Il me suffit de savoir qu’il est, à l’heure actuelle, — probablement pour lui la dernière — dans les trente millions de renégats recensés par la République soi-disant française et dont le cantique est d’outrager la Face de Dieu.

En commençant cette Exégèse, j’ai désiré le silence du Bourgeois, — de toute mon âme, Dieu le sait ! — considérant que ses Lieux Communs étaient une sale et hideuse manière de donner la mort. Sur le point de finir, je considère, à propos de 1870 et de l’éternelle interrogation sans réponse, que son silence n’est pas moins homicide et qu’il a tant de façons de le produire !

Un ami en danger l’implore, silence ; le Rédempteur en agonie lui demande à boire, silence ; la Mère aux Sept Épées le supplie d’avoir pitié de