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Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/31

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exégèse des lieux communs

moins à leurs parents l’horreur instinctive d’une virginité ou d’une continence qui s’opposerait à leur entrée dans la vie… Je ne sais si je me fais bien comprendre. En tout cas cela, suffit pour invalider la formule.

Mais lorsqu’un notaire affirme, en s’accompagnant d’une gesticulation bilatérale, que « les enfants ne demandent pas à venir au monde », cela ne peut signifier pratiquement que deux choses : ou qu’il faut renoncer à en faire, ou qu’il faut les tuer avant qu’ils naissent, dans l’intérêt des familles et dans l’intérêt bien compris des hoirs. Jamais, au grand jamais, dussent crouler les cieux, il ne devra être entendu, par exemple, qu’un petit bâtard tombé du ventre d’une gueuse a des droits quelconques à la pitié d’un procréateur qu’il est toujours interdit de rechercher. Et voilà tout, exactement tout.

Essayez de vous dire, après cela, que ce joli monde a été racheté, il y a dix-neuf siècles, par un Enfant qui avait demandé à naître, depuis toute l’Éternité !


IX

Il faut manger pour vivre.


— Je ne demande pas mieux que de manger, dit