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Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/36

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exégèse des lieux communs

Lieux Communs, c’est la culminante parole du siècle. Mais il faut l’entendre et cela n’est pas donné indistinctement à tous les hommes. Les poètes, par exemple, ou les artistes le comprennent mal. Ceux qu’on nomme archaïquement des héros ou même des saints n’y comprennent rien.

L’affaire du salut, les affaires spirituelles, les affaires d’honneur, les affaires d’État, les affaires civiles même, sont des affaires qui pourraient être autre chose, mais ne sont pas les Affaires qui ne peuvent être que les Affaires, sans attribution ni épithète.

Être dans les Affaires, c’est être dans l’Absolu. Un homme tout à fait d’affaires est un stylite qui ne descend jamais de sa colonne. Il ne doit avoir de pensées, de sentiments, d’yeux, d’oreilles, de nez, de goût, de tact et d’estomac que pour les Affaires. L’homme d’affaires ne connaît ni père, ni mère, ni oncle, ni tante, ni femme, ni enfants, ni beau, ni laid, ni propre, ni sale, ni chaud, ni froid, ni Dieu, ni démon. Il ignore éperdument les lettres, les arts, les sciences, les histoires, les lois. Il ne doit connaître et savoir que les Affaires.

— Vous avez à Paris la Sainte-Chapelle et le Musée du Louvre, c’est possible, mais nous autres, à Chicago, nous tuons quatre-vingt mille cochons par jour !… Celui qui dit cela est vraiment un homme d’affaires. Cependant, il y a plus homme d’affaires encore, c’est celui qui vend cette chair de