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Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/47

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exégèse des lieux communs

Stuart. Ce jour-là j’entrevis, comme en un éclair, la beauté mystérieuse et irrévélable du Commerce.

Suivez-moi bien. Une chose se vend ou peut se vendre, selon qu’il y a preneur ou qu’il n’y a pas immédiatement preneur. Cette chose est une salade, un médicament, un couteau à virole, une fille à soldats, peu importe. Le vendeur est toujours un homme prodigieux, un thaumaturge ayant le pouvoir de donner à Dieu le Père ce qui appartient au Saint-Esprit, c’est-à-dire de faire passer l’Amour dans la Foi et le Feu dans l’Eau, ce qui peut à peine être compris.

C’est pourtant bien simple. L’Argent, par quoi s’opère cette translation, est le Rédempteur ou, si on veut, l’image du Rédempteur. Mais voilà ! Les commerçants, hermétiques de leur nature, se foutent également du Rédempteur, de la Rédemption, des Trois Vertus théologales et des Trois Personnes divines, et, en général, de tout ce qui peut être conçu par l’entendement humain.

Combien de fois n’ai-je pas reçu le conseil de « faire du commerce », c’est-à-dire d’écrire comme un cochon pour devenir riche — hélas !