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exégèse des lieux communs

blement la cause de ce lavement célèbre ne lui est pas fort connue. Il a autre chose à faire, mais tout de même…

Les anciens bourgeois, depuis longtemps restitués à la poussière, qui furent ses ancêtres, ont pu savoir que ce geste alléguait métaphoriquement l’innocence. Lui, très moderne et, par conséquent, plus armé contre toute espèce de notions, en a judicieusement élargi le sens. « Je m’en lave les mains », dit à propos de n’importe quoi, signifie tout simplement : « Je m’en fous », et l’addition : « comme Pilate » n’est plus qu’une habitude séculaire de la langue, une sorte de bruit sourd analogue à celui d’un corps pesant qui tomberait dans un gouffre.

Pour dire quelque chose de plus, le Lieu Commun que je tente, sans espoir, d’élucider, équivaudrait, rigoureusement, et dans l’Absolu, à la réponse de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? » — tant il est vrai que le Bourgeois ne peut pas dire un mot, fût-il chauve, sans secouer toutes les colonnes, comme un Samson !

Mais voici que je perds la tête. Ne viens-je pas de nommer l’Absolu, oubliant que rien n’est absolu et que je me suis fendu en quatre pour le démontrer. En vérité, je crains parfois de ne pouvoir arriver à la fin de cet immense travail d’exégèse, tellement la matière m’accable et le sujet m’abrutit.

Post-scriptum. — J’ai observé que ce Lieu Com-