Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/163

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Ayant, en somme, de quoi vivre, et devenu trop âgé pour prétendre garder longtemps encore le coup d’œil de l’homme d’affaires, ce je ne sais quoi de spontané qui déconcerte la place et culbute les manigances des compétiteurs, il avait eu la sagesse de se démettre avantageusement de sa puissance commerciale avant que l’étoile de sa patente eût commencé de pâlir.



Désormais, il s’adonna, d’une exclusive manière, aux délices du genre humain.

Considérant, avec une touchante lucidité, le néant des combinaisons jusqu’à cette heure élaborées par de creux cerveaux pour l’atténuation de la misère, inébranlablement assuré, d’ailleurs, de l’utilité des pauvres, il crut avoir mieux à faire que d’employer au soulagement de ce troupeau les ressources financières ou intellectuelles dont il disposait.

En conséquence, il résolut d’appliquer les dernières lueurs de son génie à la consolation des millionnaires.

— Qui pense, disait-il, aux douleurs des riches ? Moi seul, peut-être, avec le divin Bourget dont ma clientèle raffole. Parce qu’ils accomplissent leur mission, qui consiste à s’amuser pour faire aller le commerce, on les suppose trop facilement heureux, oubliant qu’ils ont un cœur. On a le toupet de leur