Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/30

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les ruisseaux les plus fangeux, tremblant de refléter son image, paraissaient avoir l’intention de remonter vers leur source.

Sa fortune, qu’on disait colossale et que les bons juges n’évaluaient qu’en pleurant d’extase, devait être cachée dans de furieux endroits, car nul n’osait hasarder une ferme conjecture sur les placements financiers de ce cauchemar.

Il se disait seulement que, diverses fois, on entrevit sa main de cadavre dans certaines manigances d’argent qui avaient abouti à des débâcles sublimes dont quelques éleveurs de grenouilles le supposaient artisan.

Il n’était pas juif, cependant, et lorsqu’on le traitait de « vieille crapule » il avait une manière douce de répondre : Dieu vous le rende ! qui faisait courir, sur l’échine des plus roublards, un léger frisson.

L’unique chose qui parût certaine, c’était que ce guenilleux effroyable possédait une maison de haut rapport dans l’un ou l’autre des grands quartiers excentriques. On ne savait pas exactement. Il en possédait peut-être plusieurs.

La légende voulait qu’il couchât dans un antre obscur, sous l’escalier de service, entre le tuyau des latrines et la loge du concierge que ce voisinage idiotifiait.

Ses quittances de loyer étaient, m’a-t-on dit, délivrées, par économie, sur des déchirures d’affiches